Les imaginaires sont une thématique qu’on a abordé plusieurs fois sur ce blog. À la fois pour présenter ceux qui animent l’agence au quotidien, mais également pour vous expliquer comment ils peuvent être un composant à part entière que vos projets d’innovation et de prospective.

C’est quoi, un imaginaire ?

Mais avant tout, c’est quoi au juste, les imaginaires ? Le mot est facilement mis à toutes les sauces pour désigner un ensemble flou de références pop, de fictions et de projection qu’on se fait des attentes des consommateurs. Mais un imaginaire, c’est bien plus simple que ça : c’est juste une image que l’on a dans la tête et qui peut être invoquée à n’importe quel moment. C’est le souvenir d’un film vu récemment, d’un récit lu enfant et qui a forgé notre façon de comprendre le monde. Ou c’est une histoire que nous concevons dans l’intimité de notre cerveau et qui va guider nos actions, nos créations, nos réflexions.

Quelle que soit la thématique, le sujet abordé, tout le monde possède des imaginaires. Mêmes ténus. Et tout le monde peut contribuer à la culture de l’entreprise autour d’une thématique d’innovation. Pour s’en convaincre, on vous propose un petit jeu, rapide à mettre en place et demandant peu de matériel. Tout au plus, quelques post-it.

Stimuler les imaginaires

Il s’agit de stimuler les imaginaires de chacun des participants et de tresser de liens entre ceux-ci autour d’un sujet d’innovation ou de contexte de l’entreprise. La mécanique est extrêmement simple.

Après avoir choisi une thématique donnée – par exemple, l’intelligence artificielle – et avoir rapidement immergé les participants dans le sujet, le premier participant écrit sur un post-it le nom d’une œuvre que lui évoque ce sujet. Un roman, un film, un jeu vidéo, une innovation technologique… peu importe. Dans notre exemple autour de l’intelligence artificielle, démarrons avec ChatGPT, l’intelligence artificielle conversationnelle qui occupe le secteur de la communication depuis de nombreux mois. Le post-it est placé au centre de la table et commenté par ce premier participant : il peut prendre le temps d’en décrire rapidement le fonctionnement, son expérience avec cet outil, ses questionnements ou la façon dont il le rattache à la thématique générale retenue pour cette session.

C’est ensuite au second joueur de remplir un post-it. À lui d’évoquer une nouvelle référence, un nouvel imaginaire, à une seule condition : qu’en restant dans la thématique générale de la partie, celui-ci ait un point commun avec le premier imaginaire partagé. On restera souple sur la nature de ce point commun : celui-ci peut être purement factuel – une autre technologie, un autre film, un même personnage… – ou au contraire très personnel – « les inquiétudes soulevées par XXX me font penser à… » Ainsi, le second joueur de notre partie imaginaire pourrait positionner sur la table un post-it mentionnant le 2001, L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, évoquant les inquiétudes quant au pouvoir que peut prendre une intelligence artificielle et sa capacité à lire nos intentions.

Le troisième joueur intervient alors avec un nouveau post-it et un nouveau lien – Les Robots d’Isaac Asimov pour rester dans la culture SF occidentale. Puis un quatrième, etc. Les liens vont ainsi se déployer de post-it en post-it au fur et à mesure de l’avancée de la partie. D’autant que la partie est tout sauf linéaire. À tout moment, l’un des joueurs peut repartir d’un post-it déjà posé pour déployer une nouvelle branche, illustrant un nouveau lien de pensée entre les imaginaires partagés. Ainsi, dans notre partie autour de l’intelligence artificielle, une première branche s’est développée autour de la peur de la domination des IA et des robots, l’un des participants peut très bien ouvrir un nouveau fil en posant un post-it midjourney au côté du post-it original ChatGPT, le lien étant bien évidemment les capacités génératives de ces deux outils. Ce nouveau fil va dériver autour de la thématique de la création et des hallucinations visuelles, débouchant, pourquoi pas, sur le psychédélisme, puis se scindant en deux nouvelles branches, sur la drogue ou la musique.

Une fresque des liens et des imaginaires

On le voit, les possibilités d’évoquer les imaginaires de chacun et de les lier à une thématique sont quasiment infini, en partant toujours d’un thème de réflexion central. Les différentes branches déployées au fur et à mesure permettent à chacun de s’exprimer en fonction de sa propre culture, de partager celle-ci et de s’enrichir au contact de celle des autres.

Après quelques tours de jeu se dresse alors une fresque des imaginaires dans laquelle le plus important n’est pas tant les références accumulées que la façon de lier celle-ci. Chaque lien entre deux post-it est au final un nouvel angle, parfois flagrant, parfois ténu, avec lequel aborder la thématique initiale du jeu. Auriez-vous pensé, au démarrage de cette session, voir les intelligences artificielles comme des drogues hallucinogènes ou des réalités alternatives desquels nous pourrions devenir dépendants ?

Une source d’inspiration inépuisable

La restitution de ce type d’atelier peut se faire très facilement, en listant les axes de liens créés par les participants. Chacun constitue alors une source d’inspiration à creuser, un ensemble de craintes ou d’espoirs sur lesquels s’interroger, qui permettent à la fois de fournir une nouvelle matière à réflexion pour vos équipes innovation, et de lier vos participants par la culture et la curiosité. Un exercice rapide qui a donc toutes les vertus.

On vous le répète, l’exploration des liens et des imaginaires, ce n’est que du bon !