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(As We May Link, c’est une histoire du Web et de l’Hypertexte en 8 épisodes. Si vous avez manqué le début n’hésitez pas à reprendre au premier article, c’est ici : https://serviceplan.blog/fr/2021/09/as-we-may-link-la-blibliotheque-des-origines/.)

Troisième épisode de As We May Link, et il va bien falloir parler un peu technique. Parce qu’il faut bien reconnaître que si l’hypertexte prend naissance dans notre cerveau, il se concrétise aujourd’hui avant tout sur les écrans de nos smartphones et de nos ordinateurs. Alors, c’est le moment de parcourir quelques soixante ans d’histoire informatique pour (re)découvrir comment nous en sommes arrivés au Web d’aujourd’hui.

Créer l’ordinateur moderne…

Quand en 1945, Vannevar Bush imagine Memex (voir notre premier épisode), il base son idée sur l’ensemble des innovations technologiques disponibles à son époque : il y a là des bandes magnétiques pour enregistrer les voix, des microfilms pour stocker les images, etc. La mécanique du Web que nous connaissons aujourd’hui va mettre près de quarante ans à émerger. Et pour cela, il lui faudra trois grandes avancées technologiques.

La première, c’est l’ordinateur. C’est en 1945, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, que les ingénieurs américains commencent à investir massivement dans le développement des ordinateurs. Mais à l’époque, pas de clavier ni d’écran : les ordinateurs occupent des salles entières, pèsent plusieurs tonnes et répondent lentement à des demandes précises par des clignotements ou des impressions. Chaque ordinateur est conçu pour un usage déterminé, militaire ou scientifique le plus souvent. C’est seulement au milieu des années 50 que ces mastodontes commencent à perdre du poids et à communiquer manière intelligible. Claviers et écrans sont testés pour la première fois au Massachussetts Institute of Technology avant de se répandre dans toutes les salles informatiques du monde au début des années 60.

…le mettre en réseau…

Mais un ordinateur, seul dans sa salle blanche, ne peut contenir tout le savoir de l’humanité. Il a parfois besoin de communiquer avec d’autres ordinateurs – ailleurs sur le globe – pour accéder à de nouvelles capacités ou à de nouveaux champs de connaissance. Au milieu des années 1960, l’idée d’un partage des ressources informatiques, et donc d’une mise en réseaux de différentes machines, germe dans la tête de plusieurs ingénieurs. Les travaux qui mèneront à la création de l’ARPANET – l’ancêtre d’Internet – débutent en 1966 sous la direction du Pentagone et débouchent sur la connexion de quatre systèmes distincts en 1969 : l’Université de Californie Los Angeles (UCLA), l’Institut de Recherche de Standford (SRI), l’Université de Santa Barbara et celle de l’Utah.

À partir de 1970, le réseau s’étend régulièrement, jusqu’à compter plus de 1000 ordinateurs connectés en 1984. Il deviendra réellement populaire aux USA à partir des années 1980. À cette époque, le gouvernement américain, préoccupé par d’autres sujets, autorise enfin une exploitation commerciale des réseaux. Sur ceux-ci vont naître de nombreuses communautés d’échange parmi lesquelles THE WELL. Issue directement de l’idéologie de contre-culture des années 1960, THE WELL tient du forum de discussion. Un espace sur lequel les participants – fans de musique, ingénieurs, journalistes, businessmen… – échangent des idées, des astuces, des témoignages et débutent un brassage de cultures et d’influences qui marquera l’image du Net pour de nombreuses années. Après avoir servi pendant longtemps aux chercheurs et universitaires, THE WELL et d’autres communautés du même type contribuent également à rendre le Net visible pour un plus large public.

…et partager l’information

La troisième révolution, sans doute la plus importante, date du 13 mars 1989. Au Centre Européen de Recherche Nucléaire, le CERN, Tim Berners-Lee propose d’organiser l’ensemble de l’information utile aux scientifiques sous forme de réseau de contenu distribué. Il imagine un système de pages, chacune accessible via des coordonnées particulières (ce qui deviendra une URL), qu’il est possible de lier les unes avec les autres très facilement. Tim Berners-Lee expliquera plus tard qu’il s’est contenté de mettre en relation la notion d’hypertexte et les notions de réseau informatique existantes. Rien de plus facile.

L’équipe du CERN ne s’arrête pas là. En plus du concept, Berners-Lee et son collègue Robert Cailliau conçoivent les outils permettant de donner vie à cette nouvelle architecture de l’information : un protocole de communication (HTTP) et surtout un langage permettant de lier facilement les contenus entre eux : l’HyperText Markup Language, le désormais célèbre HTML.

Tout cela repose naturellement sur l’architecture définie par les créateurs de l’ARPANET et enrichit même celle-ci. Les documents publiés sur le Web par Tim Berners-Lee sont consultables depuis le monde entier, par d’autres scientifiques, qui pourront à leur tour proposer des contenus.

Le Net que nous connaissons aujourd’hui venait de naître.

Envie de connaître la suite de l’histoire ? L’épisode 4 d’As We May link est déjà disponible :


As We May Link, c’est un voyage au cœur de l’hypertexte que vous propose l’agence de design digital Plan.Net France : 8 épisodes au cours desquels on parle de la façon dont créons des liens, des origines de l’hypertexte, des menaces qui pèsent sur lui et des opportunités que nous avons à le développer. Huit épisodes à retrouver sur ce blog, et sur les réseaux sociaux.